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Vierge Prêtre« (La Vierge Marie) ne donne pas au Christ la naissance eucharistique et elle ne l'immole pas à l'autel; mais elle lui a donné une première fois la naissance corporelle que renouvelle la consécration, elle l'a offert au Calvaire dans ce sacrifice unique dont la messe est le souvenir et la reproduction. Elle n'absout pas les pécheurs au tribunal de la Pénitence, mais c'est par elle que leur arrive le bienfait de la justification. Elle ne produit pas la grâce, comme nous, par l'action du caractère, mais toutes les grâces, même celles des sacrements, passent par sa médiation universelle, de même qu'elle les a toutes méritées jadis d'un mérite de convenance. Elle ne consacre pas les prêtres, comme l'évêque, mais elle leur obtient par son mérite de congruo et par son impétration actuelle, la grâce de l'ordination et les dispositions requises pour recevoir avec fruit le rite sacré.

Si Marie exerce les fonctions du sacerdoce, elle en possède aussi l'esprit.

L'esprit sacerdotal consiste dans l'oubli de soi pour ne plus songer qu'à la gloire de Dieu et au salut des âmes : on n'est pas prêtre pour soi, on l'est pour les autres.

Or, c'est bien cet esprit que nous admirons en Marie.

De même que Jésus n'a pas recherché sa gloire mais celle de son Père, et qu'il a donné sa vie pour ses brebis, ainsi Marie, s'oubliant elle-même, ne songe qu'à glorifier Dieu et à collaborer au salut des âmes.

a) Ce désir, ce besoin de glorifier Dieu éclate au jour de la Visitation. Elisabeth, voyant les effets de grâce produits par l'entrée de Marie dans sa maison, la salue comme la Mère de Dieu, bénie entre toutes les femmes. Mais celle-ci rejette aussitôt tout éloge personnel, et, élevant plus haut son esprit et son coeur, elle chante la gloire de Celui qui seul a droit d'être loué, puisque suel il a opéré ces merveilles : « Mon âme, dit-elle en son Magnificat, glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. » Au lieu d'accepter pour elle-même les louanges de sa cousine, elle bénit avec amour Celui « qui a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. » Sans doute toutes les générations la proclameront bienheureuse, mais c'est parce que le Tout Puissant a opéré en elle de grandes choses. Elle n'y est pour rien, et, par conséquent, seul Dieu doit être béni, Lui qui a déployé la force de son bras, confondu les orgueilleux et élevé les petits. Lui qui a comblé de biens les affamés et renvoyé les mains vides ceux qui se croyaient riches. Tels étaient les sentiments habituels de l'humble Vierge : glorifier, bénir, grandir le Seigneur, c'était son unique ambition ; et par là son coeur vibrait à l'unisson du coeur de Jésus, Souverain Prêtre, qui avait sacrifié sa gloire et sa vie pour honorer le Père.

b) Elle le montra bien, lorsque ce divin Fils lui demanda de demeurer sur terre après son Ascension. C'était pour elle évidemment le plus héroïque des martyres. Elle n'avait vécu que pour Jésus, et, avec plus de raison encore que saint Paul, elle aurait pu dire : « Ma vie à moi, c'est Jésus. » Elle n'avait donc qu'un désir, le suivre, le contempler, l'aimer, le glorifier pendant toute l'éternité. Et cependant, quand Jésus lui confie la mission de demeurer longtemps encore au milieu des disciples, pour les édifier, les instruire, les encourager par ses conseils et ses exemples, elle consent à ce nouveau martyre, et s'immole pour les âmes comme elle s'était immolée pour Dieu.

c) Avec les disciples elle se rend au Cénacle, leur apprend à persévérer unanimement dans la prière, et attire ainsi sur eux une abondante effusion des dons et des grâces du Saint-Esprit.

Retirée dans la maison de saint Jean, qui lui a été donné pour fils, elle vit dans son intimité, et lui révèle les secrets que le Verbe Incarné lui avait confiés pendant les trente années de sa vie cachée. Elle avait conservé et ruminé ces trésors dans son coeur, et mieux que personne elle pouvait instruire cet Apôtre qui devait un jour faire connaître à l'Eglise naissante les gloires du Verbe Incarné, source de lumière , de vie et d'amour.

Nous pouvons bien conjecturer que la mère de la divine Sagesse ne fut pas étrangère à cette doctrine si élevée du quatrième Evangile.

Du reste d'autres apôtres et de futurs évangélistes, comme saint Luc, vinrent puiser à la même source des détails intimes sur la vie cachée du Sauveur. Marie fut ainsi la mère de l'Eglise naissante, exerçant l'apostolat non d'une façon publique et officielle, mais de cette manière modeste et cachée qui convient aux vierges chrétiennes.

C'est ainsi qu'elle devint le modèle le plus parfait de l'esprit sacerdotal, et qu'elle mérita d'être appelée la reine des Apôtres, la reine et la mère des prêtres, la Vierge Prêtre.

Nos devoirs à l'égard de la Vierge Prêtre

Parmi ces devoirs, il en est qui sont communs à tous les chrétiens, et d'autres qui concernent certains d'entre eux.

Tout chrétien doit évidemment avoir une confiance filiale à la Vierge Prêtre. Jésus sans doute est le seul dont la médiation soit absolument nécessaire pour aller à Dieu. Mais puisqu'il a plu à la divine Providence de nous donner ce divin prêtre par Marie et de se l'associer si intimement dans son oeuvre sacerdotale, ce serait ne pas répondre aux desseins de Dieu que de laisser de côté celle qui est la médiatrice auprès du Médiateur. Ne devons-nous pas aller à Dieu par le chemin qu'il nous a tracé lui-même ? Or ce chemin est nettement jalonné : c'est par le Souverain Prêtre que nous allons à l'adorable Trinité ; mais puisqu'il est venu à nous par Marie, nous allons à Jésus lui-même par la Vierge Prêtre.

C'est le chemin le plus sûr : car comment pourrions nous essuyer un refus, quand nous sommes présentés par Celle qui a sur le coeur de son Fils, notre Souverain Prêtre, un crédit tout puissant ?

C'est le chemin le plus court ; car cette Vierge Prêtre, étant notre mère et notre soeur, nous nous sentons tout près d'elle ; et, quand nous sommes à ses pieds, ne sommes-nous pas en même temps aux pieds de Jésus qui vit en elle ? Que si, par nos fautes, nous nous sentions indignes d'être accueillis du Fils, est-ce que l'intercession de la Mère ne serait pas le meilleur moyen d'obtenir notre pardon ? Les bras de Marie ne sont-ils pas le meilleur ascenseur pour monter à Jésus ?

C'est aussi le chemin le plus doux : qu'y a-t-il en effet de plus consolant pour un fils que de se faire accompagner par sa mère, et de se sentir appuyé par elle pour aborder le Souverain Prêtre ?

Quand donc nous voulons rendre nos devoirs au divin Médiateur, souvenons-nous que la Vierge Prêtre est la plus parfaite adoratrice de son Fils, et faisons passer par son coeur, tout plein de religion, nos adorations, nos actions de grâces, nos louanges, notre amour, bien assurés que ces actes religieux ne pourront que gagner à ce contact. Quand nous désirons vivement obtenir une grâce de Celui qui est l'universel intercesseur, n'oublions pas de nous unir à celle qui est l'universelle médiatrice, et à qui jamais on ne s'adresse en vain : nous n'en serons que plus sûrement exaucés.

(AD. TANQUEREY - Les Dogmes générateurs de la Piété)

Tag(s) : #Liturgie Doctrine
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